Le sucre, « doudou » d’adulte !

Quand vous vous sentez stressée, fatiguée, ou un peu submergée, avez-vous remarqué que votre premier réflexe est de chercher quelque chose de sucré ? Une pâtisserie, un morceau de chocolat, ou même un bonbon qui traîne… C’est presque automatique. Mais pourquoi ce lien si fort entre le sucre et nos émotions ? Et surtout, comment retrouver une relation plus apaisée avec lui ?

Le sucre, un doudou pour anesthésier nos émotions ?

Quand on était petits, beaucoup d’entre nous avaient un doudou, cet objet rassurant qui nous accompagnait dans les moments difficiles. Il apaisait nos peurs, calmait nos colères, et faisait le pont entre le réconfort parental et le monde extérieur. Mais en grandissant, ce besoin de réconfort n’a pas disparu. Il s’est simplement transformé. Et pour beaucoup d’adultes, ce rôle est aujourd’hui tenu par… le sucre.

Pourquoi le sucre ?

Dès la naissance, la nourriture est associée à l’amour et au réconfort. Le lait maternel, sucré par nature, n’est pas qu’un aliment : il symbolise aussi le lien affectif avec la mère. En grandissant, le sucre continue de jouer ce rôle symbolique. Il est synonyme de plaisir, de partage et de récompense. Des phrases comme celles-ci vous rappelleront sûrement des souvenirs :

  • « Si tu es sage, tu auras un gâteau. »
  • « Après son vaccin, il mérite bien une sucette. »
  • « Quand je tombais, on me donnait une glace pour me consoler. »
  • « Quand mamie venait me chercher à l’école, on s’arrêtait toujours à la boulangerie »

Ces expériences conditionnent notre rapport au sucre : il devient un moyen d’anesthésier les émotions négatives, comme le stress, la tristesse ou la peur, et d’amplifier les moments de bonheur.

Mais ce « câlin chimique » est de courte durée. Une fois l’effet passé, les émotions reviennent, souvent accompagnées d’une envie encore plus forte de sucré. Le sucre ne fait qu’endormir temporairement nos émotions sans les résoudre, un peu comme un anesthésiant. Au lieu de nous aider à affronter nos sentiments, il nous éloigne de ce dont nous avons vraiment besoin : comprendre nos émotions et y répondre autrement. Et là, on tombe dans un cercle sans fin.

Le cycle « émotion-sucre-dépendance »

Ce besoin de sucre peut vite se transformer en dépendance. Quand on mange du sucre, notre cerveau libère de la dopamine, cette hormone du plaisir qui nous fait nous sentir bien. Mais ce plaisir est éphémère. Quelques heures plus tard, la glycémie chute, on ressent de la fatigue, et l’envie de sucre revient. On entre alors dans un cercle vicieux où le sucre devient un régulateur émotionnel, au détriment de notre bien-être.

Pourquoi est-il si difficile de s’en libérer ?

Parce que, d’une certaine manière, être dépendant peut être rassurant. Quand on est enfant, on dépend de ses parents pour tout. Ce sentiment de dépendance, bien qu’il puisse sembler contraignant, est aussi familier et confortable. En devenant adultes, on cherche parfois inconsciemment à recréer ce sentiment avec des substituts comme le sucre.

Apprendre à écouter son corps : une autre voie possible

La clé pour sortir de cette spirale n’est pas de bannir le sucre, mais de redécouvrir une manière plus intuitive de répondre à nos besoins. Ce n’est pas une question de se « contrôler », mais d’apprendre à écouter : qu’est-ce que mon corps me demande vraiment ? Et qu’est-ce que mes émotions tentent de me dire ?

Voici quelques étapes pour commencer :

1. Prendre conscience de ses émotions

La prochaine fois que vous ressentez une envie de sucré, posez-vous cette question : « Est-ce que j’ai vraiment faim, ou est-ce une émotion qui me pousse à manger ? » Apprendre à identifier ses émotions est la première étape pour s’en libérer.

2. Remplacer le sucre par d’autres formes de réconfort 

Au lieu de vous tourner vers une barre chocolatée ou un dessert, essayez des alternatives qui nourrissent réellement votre corps et votre esprit :

  • Faire une courte séance de respiration ou de méditation.
  • Appeler un(e) ami(e) ou écrire ses pensées dans un journal.
  • Prendre une collation saine comme des noix, des fruits frais, ou un carré de chocolat noir.

3. Redéfinir le sucre comme un plaisir occasionnel

Le sucre n’est pas votre ennemi, mais il n’a pas à être votre « doudou ». Faites-en un plaisir que vous choisissez consciemment, et non une réponse automatique à une émotion.

4. Différencier les envies des besoins

En réapprenant à écouter votre corps, vous découvrirez qu’il sait ce qui est bon pour lui. Parfois, il demande une dose d’énergie rapide, parfois il réclame du repos ou une pause. Et parfois, une émotion cherche juste à être entendue. Plus vous vous exercerez à distinguer une envie passagère d’un besoin profond, plus vos choix deviendront intuitifs et alignés avec ce qui vous fait du bien.

    Et si on réinventait notre relation au sucre ?

    Le sucre n’est pas un ennemi, et il n’a pas besoin de disparaître de nos vies. Mais il ne devrait pas non plus être notre seul refuge face au stress ou aux émotions difficiles. En apprenant à écouter son corps et ses besoins, nous pouvons redécouvrir une relation plus sereine avec le sucre, où chaque bouchée devient un plaisir choisi et non une réponse automatique.

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