Je ne vais pas bien ,

ne t’en fais pas !

 

 

Un drôle de monde dans lequel on vit aujourd’hui, vous ne trouvez pas ? Parfois je me dis que j’aurais aimé naître plus tôt, connaître les années folles et rire davantage. Mais cette image que j’en ai n’est peut être qu’une façade.

 

J’ai parfois l’impression que chacun vit dans une bulle, et que les échanges entre ces bulles sont régis par des règles devenues complètement absurdes. Certains appellent ça la communication, du latin communicare, mettre en commun, faire part de, partager. Personnellement, je trouve qu’il y a de moins en moins de partage et de plus en plus d’automatisme et de faire semblant. En fait on ne communique plus on notifie.

 

Prenons un exemple, typiquement français je vous l’accorde, dans une entreprise ou dans la rue, quand on croise une personne que l’on connaît, on ne dit pas simplement bonjour, mais plutôt : « bonjour, ça va ? ».

 

Pourquoi ajoute-t-on « ça va », est-ce qu’on a vraiment envie de connaître la réponse ? Pas toujours, mais voilà c’est devenu une sorte de formalité, d’ailleurs la réponse elle même s’est automatisée, ça donne un petit « ça va, et toi ? »

 

Donc la réponse à mon état émotionnel, intellectuel et physique du moment doit se résumer à deux petits mots, identiques, jour après jour « ça va ». Je me résume donc à deux petits mots, que je répète tous les jours même si ils sont complètement faux.

 

Tout cela n’arrange pas notre relation avec nous même il faut bien le dire, et après on s’étonne que notre corps se fâche, il a juste envie de dire « non ça va pas, p.. de bordel de m… » J’évite les mots vulgaires d’où les …

 

Bref, parfois on s’autorise un léger « comme un lundi », ou un « il y a des jours où on serait bien resté au lit », histoire de laisser vaguement sous entendre qu’on est pas au top ! Soit dit en passant, il ne faut pas en abuser pour éviter de passer pour un collègue, ou une connaissance qui va mal.

 

Imaginez juste deux secondes la tête de votre interlocuteur si vous lui répondiez « justement, merci de poser la question, aujourd’hui je n’ai vraiment pas le moral … », il y a des chances qu’il se dise « mais pourquoi je lui ai demandé ça moi ? »

 

Le vrai problème, c’est qu’aujourd’hui, il est interdit d’aller mal. On vit dans une sorte de régime binaire, où soit tu vas bien, tu es en forme, tu es productif, tu as le sourire, tu contrôles tes émotions, ta vie et tout le reste, soit tu es fatiguée, malade, donc potentiellement en arrêt maladie, donc tu coutes à l’entreprise et à la société, ou bien tu te mets en colère ou tu es triste donc totalement immature et inadaptée à la vie réelle. Quelle pression, échec ou réussite, sans entre deux, en haut de l’échelle ou véritable paria !

 

Non ce n’est pas tout à fait vrai, j’exagère un peu. Parfois il est possible de dire qu’on ne va bien, si et seulement si on a une excellente raison à cela, d’ailleurs la législation du travail nous dit même combien de temps on a le droit d’aller mal :

  • perte d’un parent proche, 3 jours, aller on pousse à 5 si c’est votre enfant
  • perte d’un animal de compagnie, 0 (non mais si on donne 5 jours pour un enfant !!)
  • annonce de la survenue d’un handicap chez un enfant (2 jours)
  • naissance d’un enfant en vue d’être adopté (3 jours)

 

Par contre :

  • en cas de mariage ou de pacs 4 jours

 

Je vous disais bien qu’on valorise le bonheur, franchement je ne sais pas qui a établi ces chiffres, sur la base de quelles statistiques. Vous croyez qu’ils ont fait un sondage. Enfin, je suppose qu’ils allaient super bien ce jour là, et certainement cherchaient ils encore à se marier !

 

Pour les maladies, c’est un cas particulier, on demande quand même au médecin son avis, heureusement beaucoup d’entre eux sont des êtres humains qui considèrent qu’il faut plus de 2 jours pour se remettre d’une dépression ou d’un cancer. Toutefois par rapport à ses collègues de travail, et même certains copains (j’ai quand même du mal à placer le mot ami dans cette phrase) il est préférable d’avoir une maladie qui se voit bien ou contagieuse (du coup ils ont peur de l’attraper donc ils acceptent bien volontiers que vous restiez chez vous), pour les autres tant pis pour vous, vous choisirez mieux votre pathologie la prochaine fois !

 

Et puis pour ceux qui ne sentent pas bien, qui n’ont plus envie de rien, mais qui ne savent pas exactement pourquoi, qui ont visiblement quelque chose mais dont le médecin n’a rien trouvé, vous êtes priés de faire comme tout le monde, prendre sur vous et garder le sourire. Allez motivez vous un peu, faites un peu d’exercices, vous allez y arriver !!

Bienvenue à « Culpabilité land », vous auriez du prendre sur vous, retenir vos larmes, gérer vos émotions, continuer à faire semblant. Et prendre des tranquillisants, beaucoup, vous serez plus fréquentables sous cachets !!!

 

Mais parfois on ne sait pas pourquoi (enfin si mais après tant d’années de refoulement) on craque. Alors on pleure, sans raisons immédiates juste pour évacuer un peu d’eau, on se met en colère, pour expulser un peu des années d’injustice subie, on mange pour éviter de mordre ou pour se récompenser un peu, parce qu’après tout on a bien le droit.

 

OUI ON A LE DROIT !

 

Et oui, on a le droit d’aller mal, le droit d’être soi, d’être triste même pour la perte d’un animal, d’être en colère sans être folle, d’avoir parfois envie de rester au lit le matin sans être flémarde et détester son travail. On a le droit de dire non sans être réac., de demander un peu de calme parce qu’on en a besoin… Parce que accepter de ressentir tout cela, c’est accepter d’être qui on est, et ça fait vraiment du bien.

 

La vie est pleine de nuances, entre le jour et la nuit il y a l’aube et le crépuscule, magnifiques l’un et l’autre. Comment apprécier pleinement la lumière sans avoir connu l’obscurité, la joie sans avoir connu la tristesse, l’énergie sans la fatigue.

 

Autorisez vous à ressentir aussi les émotions négatives, ne cherchez pas à être parfait, la perfection n’est pas de ce monde, tout est changeant, temporaire et nous aussi.

 

Vous aussi vous avez le droit mal, donnez vous le temps nécessaire pour aller mieux, et soyez simplement vous même. Acceptez les choses comme elles viennent, laisser de la place pour l’imprévu, gardez vous des fenêtres ouvertes pour respirer, pour laisser s’envoler vos pensées, vos émotions et clouez le bec à votre culpabilité en lui disant « je fais ce que je peux, si ce n’est pas assez bien pour toi, sache que je ne te retiens pas » si vous le souhaitez vous pouvez ajouter un petit « d’ailleurs quand on aura 5 minutes, on définira les nouvelles règles, et être au top 24/24h n’en fera pas partie ».

 

 

Alors surtout ne prenez pas sur vous, apprenez à exprimer ce qui doit l’être de manière juste, c’est le message qu’on peut transmettre à nos enfants, « soyez vous même tout en respectant les autres, mais ne cherchez jamais à être comme les autres ».

 

 Allez, prenez soin de vous et à bientôt.

 

PS : Un bonjour sincère, avec le sourire c’est suffisant, mais si vous ressentez vraiment le besoin d’ajouter quelque chose après voici quelques idées :

Bonjour + prénom : simple mais efficace

Bonjour + 1 compliment : tu as l’air en forme, toujours le sourire, attention à varier un peu et à ne pas en faire trop.

Bonjour + mot d’encouragement : besoin d’un petit café ce matin, une heure de plus au lit n’aurait pas été de refus. Utile si la personne en face n’a pas l’air bien, mais attention il vaut mieux savoir à qui on s’adresse, je le déconseille au chef du personnel on ne sait jamais…

Bonjour + météo : c’est bateau mais au moins on ne prend pas trop de risques