Mon expérience du régime FODMAP

Si vous aussi, comme moi, vous souffrez d’une MICI (RCH, Crohn) de colopathie fonctionnelle (SII) ou de troubles digestifs récurrents.

Si vous aussi, vous avez cherché une solution pour soulager vos symptômes dans l’alimentation. Alors vous avez certainement entendu parler de la solution FODMAP.

 

Ma première impression

La première fois que j’en ai entendu parler, je n’y ai pas prêté tellement d’attention. Dès que ça commence par régime … j’ai tendance à me méfier. Il y a tellement de régimes miracles qui sont médiatisés sans reposer sur des bases scientifiques. J’ai tout de même pris connaissance du concept, pour me donner une idée et parce que c’est important au regard de mon activité professionnelle.

J’ai trouvé la démarche intéressante, scientifiquement appuyée, mais je n’avais aucune raison de l’expérimenter étant personnellement en rémission à cette période. J’avais adopté une alimentation en conscience, j’étais à l’écoute de mon corps et de mes besoins et tout se passait très bien.

L’avis de mon gastro

Mais quand on a une maladie chronique, parfois, pour d’autres raisons (parce que c’est le moyen que trouve notre corps pour se manifester), elle revient, et là c’est le drame !!!

Alors retour chez le médecin, petit traitement pour soulager les symptômes, on prévoit un examen pour voir l’étendue des dégâts et adapter le traitement. Et là, il me parle du régime pauvre en FODMAP, me donne un article et un petit récapitulatif des aliments pourvoyeurs de FODMAP et me conseille d’essayer, pour me soulager de certains symptômes, ça marche pour de nombreux patients !

Du coup, je suis rentrée, j’ai bien pris le temps de lire le document et me suis renseignée plus en détails sur ce régime, avant de commencer. Il y a, depuis peu, de nombreux livres, articles et même groupe sur le sujet. Et comme pour toute recherche sur internet et ailleurs, il y en a à prendre et à jeter mais là je ne vous apprends rien !

 

Alors le régime FODMAP c’est quoi ?

Tout d’abord on ne devrait pas dire « régime FODMAP » mais « régime pauvre en FODMAP’s, » puisqu’il s’agit d’un acronyme signifiant « Fermentescibles Oligosaccharides, disaccharides, monosaccharides, and polyols », bref régime pauvre en sucres fermentescibles.

 

Mais qu’est ce qu’un sucre fermentescible ?

Pour vous faire une version courte et simplifiée, c’est un sucre qui est partiellement ou pas du tout digéré au niveau de l’intestin grêle. Il va donc arriver jusqu’au colon et y fermenter. Cette fermentation par la flore intestinale va entrainer la production de gaz, les fameuses flatulences. De plus il va provoquer une sorte d’appel d’eau qui va augmenter le volume des selles (d’où le fait de devoir évacuer à de plus nombreuses reprises) et entrainer une distension du colon ce qui « jouerait un rôle prépondérant dans les douleurs intestinales et l’accélération du transit ».

On les trouve dans quels aliments ?

Et oui c’est là que ça se complique puisqu’on en trouve dans beaucoup d’aliments. Je vous donne quelques exemples pour vous donner une idée, bien sûr cette liste n’est pas exhaustive.

Oligosaccharides : Blé, orge, seigle, légumineuses, pistache, noix de cajou, oignon, poireaux, échalote, ail, artichaut, fenouil, petit pois…

Disaccharides : lactose, lait, fromage frais

Monosaccharides : Sucre, miel, pomme, poire, mangue, cerise, pastèque

Polyols : Abricot, nectarine, pêche, prune, champignon, chou fleur, sucreries, édulcorants.

Vous trouverez des listes complètes par catégories d’aliments bien plus pratique à utiliser.  

Comment mettre en place ce régime ?

En pratique, on commence par se préparer. Comme pour tout changement il est essentiel de faire le point sur ses motivations, ses connaissances et la manière dont on va le mettre en place en tenant compte de son organisation au quotidien (son planning, ses sorties au restaurant), de son entourage (toute la famille n’a pas besoin de faire de régimes, surtout les enfants).

Une fois prêt on commence par une réduction très importante (sans en arriver à une suppression drastique) de tous les aliments pourvoyeurs, pendant 6 à 8 semaines (certains livres disent 4). Les effets positifs peuvent se ressentir très rapidement en quelques jours (surtout si vous avez un transit accéléré), ce qui a été mon cas. Pour moi cela s’est traduit par une forte réduction des ballonnements et des douleurs abdominales.

Si le régime donne satisfaction, au bout de cette période, on procède à des tests de réintroduction, un aliment à la fois par type de sucre.

 

Est ce que tout le monde peut le faire ? Pour perdre du poids par exemple.

Avant tout je tiens à vous partager un extrait de l’article qui m’a été communiqué par mon médecin et qui me semble important.

« les auteurs insistent sur le fait qu’il s’agit bien d’une réduction des quantités consommées et non d’une suppression complète. Le régime doit aussi être mis en place et bien expliqué par un diététicien-nutritionniste entrainé et surtout pas par le patient seul. Les auteurs précisent aussi que tous les sucres ne sont pas nécessairement impliqués mais que l’effet de ceux qui le sont est cumulatif. Par ailleurs des tests de l’hydrogène devraient permettre de repérer les sucres individuellement impliqués »  

Vous verrez parfois dans certains livres ou articles qu’il est obligatoire de tous les supprimer pendant 4 semaines, or il devient alors très difficile d’avoir une alimentation équilibrée, sans carences. Soyez donc toujours bien vigilant, bien à l’écoute des messages de votre corps et pas uniquement de l’extérieur et n’hésitez pas à faire appel à un professionnel.

Pour ceux qui, comme moi, doivent manger « sans résidus » sur certaine période de crise, cela reste une avancée énorme, la liste des aliments autorisées étant nettement plus importante !

Pour ceux qui sont atteint de colopathie fonctionnelle, les résultats parlent d’eux mêmes puisque des études récentes indiquent que 75 % des personnes qui ont suivi ce régime ont connu une amélioration importante.

Pour ceux qui souhaitent uniquement perdre du poids, la réduction des sucres ajoutés est une excellente initiative, mais si vous digérez l’ail, l’oignon, les légumineuses, les pommes, champignons … pourquoi vous imposer de les supprimer de votre alimentation.

Si vous souhaitez de l’aide pour faire le point et déterminer si ce type de régime vous conviendrait vous pouvez me contacter pour un rendez vous individuel au cabinet ou via Skype.

https://lesateliersdecamille.fr/contact/

Comment je l’ai vécu ?

La première semaine a été la plus difficile en raison de la suppression du sucre. J’ai supprimé de mon alimentation tous les sucres ajoutés, pas si facile même sans être accro, le cerveau fait rapidement de la résistance. Moi qui n’en mangeais presque pas, je regardais les gâteaux avec envie, avais envie d’acheter des barres de céréales … Et puis les coups de pompe, autre moyen que le cerveau trouve pour qu’on lui donne du sucre, bon j’avoue moi j’ai compensé, par du fromage, des petits morceaux de comté pour tenir le coup.

La deuxième semaine ça allait beaucoup mieux. J’avais bien en mémoire la liste des aliments avec et sans, plus besoin de vérifier, je reprenais plaisir à boire un bon café même sans sucre, et j’avais perdu 1 kilo. Honnêtement je ne cherchais pas du tout à perdre du poids, mais c’était plus confortable, moins ballonnée le pantalon serre moins à la taille et c’est assez agréable. Personnellement, cela n’a pas réglé tous mes problèmes ni tous mes symptômes, j’avais encore des problèmes liés à l’emplacement des lésions de ma rectocolite qui était toujours active mais ce n’est pas le sujet.

Au bout des 2 mois, j’avais pris le pli, perdu un peu plus de 3 kilos (forcément en enlevant le sucre et l’alcool), retrouvé un ventre plus plat, et diminué l’intensité des douleurs abdominales. J’ai alors commencé à réintroduire peu à peu les aliments. Pour m’aider j’ai tenu un petit cahier, pour noter ce que je mangeais et dans quelle quantité afin de bien repérer les aliments qui me posaient encore des problèmes (on n’est pas tous égaux devant la digestion). En parallèle je changeais de traitement pour parvenir enfin à une cicatrisation des lésions.

Et après ?

Pour les mois qui suivent, le but est d’avoir repérer, les aliments que vous ne digérez pas, ou mal et qui occasionnent tous ces désagréments. C’est un bon moyen pour vous initier à l’alimentation en conscience. En réintroduisant les aliments, vous redécouvrez leurs saveurs et vous mettez à l’écoute de votre corps et de ses réactions.

Et comme vous vous en doutez si vous me suivez, cet aspect là m’a beaucoup plu.

 

Prenez bien soin de vous !